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Une histoire de sorcier

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  • Le 18/05/2014
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Je l’ai croisé par hasard un jour où je courais dans la montagne, à la recherche de je ne sais quelle fortune. C’était, vous savez, un de ces jours de printemps où le vent fait onduler les premières prairies, alors que les versants nord sont encore en hiver. Un de ces jours où la montagne s’éveille, avec les parfums, les bruits, les maléfices et les mirages.

 

Il allait devant lui à la recherche de quelque chose. Je sus très vite que c’était un sorcier. Un de ces personnages mi homme-mi légende, qui connaît plein de secrets et de tours de main. Il y en a beaucoup dans les montagnes, il paraît. Je restai à l’écart, tentant d’observer prudemment le sortilège en préparation.


Le sorcier se baissa pour ramasser une herbe.
Pas n’importe laquelle. Une herbe magique, sans doute, ou au moins porteuse de vertus inconnues du commun des mortels. En tout cas une herbe solide et pleine d’énergie, puisque déjà vivante alors que, je l’ai dit, la saison n’était pas encore bien faite.

 

J’observai le sorcier , visiblement satisfait de sa récolte. Il allait sûrement chercher d’autres plantes ou ingrédients, une pierre de lune, un bout d’ombre de cumulus, ou un cheveu de Marie Pascale. Et bien non. Le brin d’herbe semblait lui suffire, et le sorcier repartit prestement sur ses pas.
De taillis en fourré, me dissimulant parmi les genêts en fleurs, je suivis le sorcier sur à peine un jet de pierre, même pas une encâblure,  jusque sur un promontoire où il rejoignit avec autorité ceux qui à l’évidence étaient des disciples.

Je mis du temps à m’approcher du lieu des incantations sans être repéré.

Que faisait le sorcier avec le brin d’herbe magique ?  Je n’en revins pas.

Il recollait l’aile d’un avion. Si si, un avion, un vrai, mais si !

Bon, pas un gros à réaction qui emporte cent passagers. Non, un petit, en bois, comme on voit dans nos montagnes parmi les vautours et les abeilles.

Le sorcier dessinait des signes sur l’aile de l’avion avec l’herbe magique. Et dix minutes après, l’avion fut guéri. J’étais ébahi.

J’en parlai quelques jours plus tard à Alphonse, qui en causa à Théodule, dont l’oncle Evariste connaît un pilote.

Et la réponse me revint quelque temps plus tard, au moment où les châtaigners embaumaient : Oui, c’est vrai, les avions sont entourés de sorciers, que l’on appelle les mécaniciens. Ils connaissent plein de secrets et de tours de main, inaccessibles au commun des mortels. Ils répandent assez de fluide et de magnétisme pour que des assemblages de tôles et de bois se mettent à voler comme les oiseaux.

Des sorciers sacrément forts, en somme.  Il faudrait qu’on en ait des comme ça partout.  Je vais en parler à mon hibou.

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