Peyragudes Air Club

Maintenance au sommet

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  • Le 28/05/2013
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Récits pyrénéens


Maintenance au sommet


13h30. Un dimanche de juin, à table devant un excellent magret avec un couple d’amis belges…le vibreur du téléphone : « Bonjour Philippe, c’est Michel à Peyresourde !... » Aïe, je n’aime pas çà. « Ne t’inquiète pas, ce n’est pas sur l’altiport… » Ah bon ! Et alors où cela ? «  Pène de Soulit, pas de blessé, un Piper… » Aïe, le nôtre ? « Non !... » Ah bon !...

…2h après, nous voici en 4X4 sur l’autoroute des Pyrénées avec Marc qui, bien qu’habitué « au plat pays », a déjà vécu en avion les délices et les émotions (…) des altisurfaces pyrénéennes mais qui  est curieux de les connaitre à pied !

18h30 ; voici Gérard et Nils avec lesquels nous avons rendez vous au col de Peyresourde pour les conduire sur les rudes sentes vers l’altisurface faucheuse de train de Piper. Gérard a fait un détour par Montauban et a dans la musette (enfin son 4X4) un train d’atterrissage complet avec les amortisseurs, une hélice neuve, des bidons d’huile en guise de chandelles, sa caisse à clous et dans sa tête tout ce qu’un mécanicien d’essais navigant, au demeurant pilote de Piper expérimenté, peut avoir en matière d’organisation, de savoir faire et d’ingéniosité.

Le sol est sec et les pneus « tout terrain » s’agrippent à souhait dans la pente herbeuse. Enfin nous arrivons au parking dit « des tondeurs de l’APPM », théâtre d’exploits saisonniers que dans quelques années de véritables conteurs livreront au coin des cheminées…

Nous sommes quatre, chargés tels des sherpas, cheminant en traversée à travers les gispets et les buissons de bruyères  vers le point d’aboutissement de Pène.

A 19h45, nous voici enfin près du Piper …d’abord l’amarrer car la pente est forte et nous allons devoir le placer sur les bidons d’huile pour remplacer le train. Gérard distribue les tâches et avec Marc, nous nous attelons au changement de l’hélice, travail qui semble être à la portée d’un pilote français et d’un instructeur de simulateur bruxellois… ( le freinage des boulons sera fait par « l’homme de l’art » )   

Le soleil est bas sur l’horizon et le pari de faire redécoller l’avion vers Luchon  avant la nuit tombée apparait de plus en plus difficile à gagner.

Enfin à force de patience et de méthode, il est 21h30 quand Gérard s’attaque au deuxième amortisseur…au fait, où est il le deuxième amortisseur neuf ? Silence consterné de la troupe… M !…il est resté dans le 4X4 ! En tant qu’ « hommes de servitude », Marc et moi-même nous nous sentons obligés de nous proposer d’aller le chercher d’autant que le travail des spécialistes est loin d’être fini. Tout espoir de décoller avant la nuit s’envole avec cet oubli.

Chargés de l’ancienne hélice et des pièces définitivement hors d’usage, nous cheminons tant bien que mal sur ce dévers pentu et piégeux qui a déjà entrainé loin en contrebas, il y a quelques semaines, notre chère débroussailleuse dans de dramatiques et fatales pirouettes.

Nous atteignons les véhicules après une bonne vingtaine de minutes, trouvons l’amortisseur manquant et remontons vers la tâche jaune du Piper qui commence à s’estomper dans le crépuscule.

Marc, prévoyant, a allumé les veilleuses du Mitsubishi  pour le retrouver plus tard et j’ai pris la grosse lampe à leds ainsi que les batons de rando pour la descente de nuit.   

Un peu essouflés, nous retrouvons Gérard et Nils au bout d’une demi-heure dans une quasi pénombre affairés autour de l’avion. L’hélice a été freinée, il ne manque plus qu’à monter l’amortisseur. Il est 23h00, le ciel est magnifique et, ne serait-ce le manque d’équipements, je resterais volontiers pour bivouacquer auprés de l’avion. Mais Gérard et Nils ont du travail demain matin à la première heure à Toulouse et il leur faut rentrer impérativement.

Le brassage de l’hélice ne révèle rien d’anormal  et, après que Nils se soit installé aux commandes, Gérard démarre le moteur à la main sans problème.

Sûrement est ce la première fois qu’un bruit de moteur d’avion vient perturber la quiétude nocturne de Pène de Soulit !

Justement il faut bien toute la puissance du moteur avec la poussée simultanée de Marc et Gérard sur les haubans pour hisser l’avion en haut de la pente et atteindre le point de stationnement en guidant le pilote à la lampe électrique au milieu des touffes de gispets …

Après avoir amarré l’avion et placé les bidons en guise d’obstacles pour le bétail dont on connait l’évidente propension à venir se gratter contre les fuselages…nous entamons la descente avec le reste du matériel , pour certains en chaussures de ville, descente ponctuée de jurons       

 ( mais quelle idée de faire du vol montagne, n’est on pas bien à voler en plaine ?)  avec l’unique lampe pour quatre.

Il est minuit lorsque nous atteignons les 4X4 perchés à 5500ft au milieu de nulle part si ce n’est de ravins prometteurs en cas de fausse manœuvre…

 

A 2h30 du matin, nous sommes de retour à la maison.

L’avion lui sera de retour à Lasbordes le lendemain en début d’après midi.

Certes il a manqué une heure pour accomplir l’exploit mais, messieurs les mécanos, chapeau bas ! Ca, c’est de la VRAIE  AVIATION.   

 

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